Glory: c'était mal parti, et pourtant ...

Après nous avoir promis un album hors norme, Britney Spears nous inonde de titres inédits qui nous laissent pantois. Certes, "Make Me" reste un titre sympa après plusieurs écoutes mais le clip nous fait vite déchanter. Arrive ensuite "Private Show", somme toute décevant. "Do You Wanna Come Over" vient remonter le niveau, mais il nous laisse entrevoir un ensemble éclectique et plutôt brouillon.

Que nous voilà avertis. Dans le monde de la pop, on ne juge pas un album à quelques titres éparses. Qui sait, quelques pépites pourraient se nicher quelque part. On essaie d'y croire avant de se lancer dans l'écoute de Glory, sans grande conviction.

Mais voilà, dès les premières secondes, la magie opère et on comprend tout de suite à quoi on a affaire. A l'image de Stolen Car qui nous laisse de marbre en écoute seule, on se dit qu'encore la magie (ou le travail) a frappé et que les titres de cet album vont s'emboîter les uns dans les autres, nous les faisant redécouvrir sous un autre angle, dans l'intégralité de l'album.

Et cette impression se confirme. Glory s'ouvre sur Invitation, une véritable invitation à écouter la suite de l'album. Cette chanson nous transporte dans l'univers de l'album et nous laisse nous installer calmement pour profiter au mieux de ce moment pop presque parfait.

Il serait impossible de détailler Glory chanson par chanson comme il est coutume. Cet album ne trouve de sens que dans sa globalité. Pour résumer, Britney Spears ne nous offre pas un album pop, mais un véritable opéra pop en trois actes. Il semble difficile alors de voir se dégager des tubes de cet album, l'album en lui même est un tube, qui ne peut s'apprécier en écoute radio. Dur alors de se dire s'il trouvera son public en France, mais il est presque sûr qu'il trouvera la "gloire" chez les amateurs de pop, les critiques musicaux et dans l'industrie de la musique dans son ensemble. Glory vient surpasser Black-Out dans le sens où il offre une dimension nouvelle à la pop, une façon de s'exprimer hors des sentiers battus. Black-Out était un album parfaitement produit, Glory est un album parfaitement construit.

On ne saurait parler de cohérence, tant l'album est éclectique et pourtant unitaire. A l'image de Revival de Selena Gomez, qui venait redessiner le monde de la pop, Glory se classe dans la catégorie des albums incontournables et majeurs dans le Panthéon de la musique pop. Il est déjà difficile pour un artiste de réaliser un seul album de ce genre, Britney en tient désormais deux.

On ne rentrera pas dans le débat de savoir l'implication de l'interprète quant aux choix musicaux et à la direction artistique. Le débat ne tient pas: Glory est un album à détenir coûte que coûte. On pourrait même en venir à dire que ce n'est pas l'album de Britney, mais que Glory est l'artiste de l'album lui-même. Il serait même facile d'imaginer un show spécialement créé pour Glory, un opéra pop sur scène, où Britney serait le premier rôle.

Glory ne sera sûrement pas le plus grand succès commercial de Britney Spears mais restera sûrement son œuvre majeure. On peut même parier qu'il tiendra place de référence dans le futur de la musique pop. Nous lui souhaitons bien sûr un énorme succès dans les bacs, mais surtout de recevoir la reconnaissance artistique et professionnelle qu'il se doit.

Comme il est la tradition:

- coups de cœur: Man of the Moon, Hard to Forget Ya

- passez votre chemin: sur aucune chanson